Christian DEGOUTTE
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COMPAGNIE THEATRALE

POÉSIE ET Musique.Orge 2023


16ème édition

Dans le cadre du Printemps des Poètes

Samedi 18 mars 2023
20h30

M.J.C. François Rabelais
12, Grande rue - Savigny-sur-Orge

Écouter cinq poètes contemporains et sept comédiens créer un subtil parcours de mots au rythme des vers. 
Écouter les musiciens de Saxiana Quartet jouer avec les poèmes.

Et voir la poésie naître dans l'atmosphère magique d'un cabaret intimiste et lumineux.

 

LES POÈTES  

 

Jacques ALLEMAND

Jacques Allemand, né en 1950 à Marseille dans une famille de marins. Professeur de lettres.
Après de longs séjours en Afrique (Maroc, Côte-d'lvoire), retour en France près de Valence.
Nommé ensuite à Perpignan, il parcourt aujourd'hui l'arc méditerranéen des Pyrénées-Orientales
aux Bouches-du-Rhône et séjourne le plus souvent près de Montpellier.

Thèse: Le paradoxe dans la poésie de Jules Supervielle200l

 

Choix de poèmes en revues papier, parmi lesquelles Voix d'encre, Arpa, À I'index, Phœnix,
Propos de campagne, Résonance générale, Haies vives, Traversées, Oslris, et dans des revues
numériques dont lncertain regard, Paysages écrits e Terre à ciel.

Recueils publiés :
Falaise et delta, Æncrages & Co, 1991 ; La diagonale du cri, éditions Pleine plume, 1993 ; Ombres
portées
, Les Ateliers du Tayrac, 1993, Fils de la fable (encres : Louis Rodriguez), éditions Ecbolade,
1993 ; Anh Myriem, Encres vives, 1994 ; Parcours de la sève, éditions 0céanes, 1994 ; Cadastre,
éditions Alidades, 2007 ; Le temps de la spirale, éditions Alidades, 2010 ; Pendant l'éclipse,
Propos2 éditions, 2011 ; Sur le chemin des philosophes (encres : Marianne Moisan-Allemand),
S'éditions, 2012 ; L'enfant multipliée (aquarelles : Marianne Moisan-Allemand), Soc & Foc, 2013 ;
Rouge et or, éditions Alidades, 2015, Le tremble au cœur autour, Propos2 editions, 2016 ,
Lumière du dessous, L'Atelier du Hanneton, 2017, L'hiver à Pékin (encres : Agnès Eymond),
S'éditions, 2019 ; lncertain & la nage en eau froide, Propos2 éditions, 2020 ; Place de la Liberté
(dessins : Sylvie Durbec), Propos2 éditions, 2020 ; Corniche 13 mètres. Propos2 éditions, 2022


***

je m'enverrai un texte tous les jours
pour faire durer quelque chose,
le vent qui fait danser,
le ventelet je l'appelais quand il était jeune et vert,
le venteloup maintenant qu'il hurle avec les briques,
personne comme lui ne nous prend tels que nous sommes
nous fait danser tous autant que nous sommes
les pêcheurs qui ne parlent qu'à la mer
les passants au bout de leur laisse
les vieux et leurs yeux qui font semblant de chercher,
les poèmes comme ils viennent,
le reste peut bien passer par-dessus la rambarde
c'est moi qui ramasse

des petites phrases qui remontent les trottoirs
en claquant des talons devant les vitrines,
on en voit de toutes sortes
des flambantes
des nuageuses
des millimétrées des allégoriques
des janus
des ginger rogers
des séditieuses
des tombées du camion
des tremblantes du fanon
certaines n'ont que l'habit
pour vous attraper au passage

Corniche 13 mètres, Propos2 éditions, 2022

 

deux femmes remontent de la vallée
passent les fourmilières et les fraises sauvages
l'étang de compassion
l'aride du talus
dans la clairière elles prennent leur place dans la chaîne

le saxophone est posé sur le lichen
Mo chante qu'il va souligner d'un trait de khôl
le petit oeil qui s'ouvre au creux des paumes
que sa musique nous fera toucher
le ventre argenté des avions
qu'on va rester comme ça
suspend us

Rouge et or, éditions Alidades, 2015


© Photo Phil Journe

Linda Maria BAROS

Poète. Traductrice. Éditrice.

Née en 1981. Docteur en littérature comparée – Sorbonne. Vit à Paris.

 

7 recueils de poèmes, dont La nageuse désossée. Légendes métropolitaines (Le Castor
Astral) qui s'est vu décerner, en2021, le Grand Prix de Poésie de la Société des Gens de Lettres,
le Prix international francophone du Festival de la poésie de Montréal et le Prix Rimbaud de la
Maison de Poésie de Paris. Poèmes traduits et publiés dans 41 pays. A participé à 98 festivals
internationaux de poésie.

Lauréate et secrétaire générale du prestigieux Prix Apollinaire. Rapporteur général de
l'Académie Mallarmé. Vice-présidente du PEN Club Français. A traduit 51 livres. Directrice de
la maison d'édition La Traductière et du Poésie Poetry Paris/Festival franco-anglais de poésie.
Rédactrice en chef de la revue de poésie et art visuel La Traductière.

Énorme griffe en argent à la main droite

Je sors dans la rue avec I'ange

***

Je sors dans la rue avec l'ange.
Comme une chaîne enroulée autour de la main
Blanchie par la chaux des murs.

Les hommes que !e rencontre
me lèchent la main et les chevilles,
me suivent de près.
Je leur marche dessus
comme sur des charbons ardents,
comme sur des vagues, sur des toits.

Je n'ai aucune pitié
pour les hommes qui m'aiment.
Ma chaîne a ouvert sur leur dos
des pupilles de serPent.

Me saluent tous ceux qui ont dormi
au bord des hauts toits,
ceux qui ont porté leurs poumons
jusqu'aux tréfonds des eaux
- comme de très minces chiens de chasse -
et les ont accoutumés à y respirer.

Me saluent, d'en bas, les autres - les civils.
Atteints par la comatose.
Ceux dont on a cassé les dents avec une barre de fer
Les cliniques magistrales, les entremetteurs.

Les déshérités du sort me saluent, les contusions, la toux
Sous le lit fument peut-être encore
les canons du fusil.

Je suis sortie dans la rue avec l'ange. Je rentre chez moi
Comme une chaîne enroulée autour de la main

*

 Les gens sortent dans la rue en tranches fines

Chaque soir, je descends dans la rue
et la rue s'enroule autour de moi
comme le bandage sur la plaie.

Je passe le fleuve. Ses chiens infidèles
me lèchent la main.
Par-dessous les ponts,
coule la chair de mes ennemis,
en grands quartiers, bleuâtres

C'est ainsi que je marche à travers la ville,
comme un dieu paresseux et cruel
Les rues s'enroulent, poisseuses,
l'une aprè0000000000s l'autre, autour de moi,
et cet enroulement, c'est Ia ville même,
sous les hardes militaires du matin.

Toujours plus mince, toujours plus lucide.
C'est ainsi que je marche à travers la ville.
Comme un doigt qui tourne dans la plaie,
qui l'élargit.

La nageuse désossée. Légendes métropolitaines
éditions Le Castor astral, 2020

Jean-Clair Bonnel

 est né en 1970 à Aix-en-Provence.


Après des études artistiques, il commence à publier en revues au début des années 2000
(If, Action Poétique, propos de Campagne, Nioques, cahier du Refuge...)


Mène ensemble un travail de peintre et de poète, les deux pratiques se questlionnant, se répondant,
s'opposant... en une dialectique consistant, littéralement, à vivre de son travait.

 

Jean-Clair Bonnel est né en 1970 à Aix-en-Provence.


Après des études artistiques, il commence à publier en revues au début des années 2000
(If, Action Poétique, propos de Campagne, Nioques, cahier du Refuge...)


Mène ensemble un travail de peintre et de poète, les deux pratiques se questlionnant, se répondant,
s'opposant... en une dialectique consistant, littéralement, à vivre de son travait.

Publications : 

Pintor, éditions précipitées, 2003
Theme, éoitions précipitéess, 2005
Communauté, avec Arno Calleja, Propos éditions, 2006

STEF Éditions Jacques Brémond, 2013 (Prix Ilarie Voronca)
SOME, Propos2 éditions, 2013
nigredo, Propos2 éditions,2018
CANIS, CD+livret, com000positions de Catherine Wishart, Propos2 éditions 2019
P'ol, Édiions Jacques Brémond' 2020

***



dex



nuancier de têtes mix de têtes avec Les Damnés de la terre, mix renaissance avec le group de dence au couronnement l'on fait gestes d'argent avec le parterre Messieurs les Frères les princes du sang le Surintendant de la Musique du Roy sur le grabat au grand lever des actrices avec l'Inventeur de Nostre opéra l's Vingt-quatre violons de  la Chambre le group de dence avec l'actrice en majesté l'on fait gestes d'argent avec
l'athlète en son Sacre l'on fait gestes d'argent dans le dancehall

la seule information est musique ce tout entier le virent et le surent

MarvinGaye: Valois-0rléans Otis Redding : Valots-Anqoulême Bob Marley : Capet
Chuck Berry : Capet stevie Wonder : Capet James Brown : Bourbon par les Femmes
Al Green : Valois

pro Deo amour et nostro commun salvament

CANTS, ProPos2 éditions, 2019

Christian DEGOUTTE

Présentation biographique :

 

Le Livre de poche arrive dans les librairies. Louison Bobet remporte son premier Tour de France. Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev accède au pouvoir, c’est presque la fin de l’été, on me met au monde. Le lendemain Chantons sous la pluie est à l’affiche des cinémas. C’est l’automne, les paras sautent sur Diên Biên Phu. Mes parents déménagent une fois, deux fois, trois fois … Paris, ses banlieues, les provinces. On me met aux écoles. Je suis amoureux, une fois, deux fois, trois fois... Une femme me choisit, des enfants me font père. Content, pas content, prenant part aux événements, aux saisons, ou les regardant filer. Aujourd’hui, dans le riant département de la Loire, non loin du fleuve du même nom et de ses vieilles montagnes.

 

Livres de poèmes :

Henry Moore à Nantes, Wigwam, 2002. Voyage avec un vélo à travers le Forez pour aller chez Laura, Polder / Décharge, 2003. Voyage avec un vélo à travers le Forez pour aller chez Laura, nouvelle éd. La main qui écrit, 2018 Il y a des abeilles, éd. Le Pré Carré, 2002. Il y a des abeilles / Da sind Binen (trad en allemand, Rüdiger Fischer) éd. Verlag im Wald, 2009. Il y a des abeilles, nouvelle éd. Dazibao, Le Pré Carré, 2012. Des oranges sentimentales, éd. Gros Textes, 2013. Sous les feuilles, éd. P.i.sage Intérieur, 2013. Jour de congé, éd. Thoba’s, 2014 (images de Jean-Marc Dublé) A huit et la petite foule, éd. La Porte, 2016 Ghost Notes, éd. Potentille, 2016 (images de Laurence Bernard) Au toucher sa peau brille, éd. Revue Voleur de Feu (gravures d’Iris Miranda), 2017 Jardins publics, H C, repris sur lesdecouvreurs2.blogspot.com (libellés : Cahiers partagés n°11), 2022

Anthologies :

Poètes d’aujourd’hui en Rhône-Alpes, éd. Maison de la Poésie Rhône Alpes - Le Temps des Cerises), 2005. La poésie de A à Z, Jacques Morin, éd. Rhubarbe, 2010

Revues :

Poèmes, dossiers et entretiens pour / dans Décharge, Diérèse, Ecrits du Nord, Europe, Contre-allées, Traversées, etc. Chronique trimestrielle, En Salade, mêlant revues et livres pour Verso (Lyon). Chroniques irrégulières pour le site Terre à ciel

Récits, romans :

Trois jours en été, éd. L'escarbille, 2002 ; Le tour du lac, éd. Rhubarbe, 2019

Éditions :

Chienne de ma vie, "poèmes complets" de Claude Seyve, éd Gros Textes ; Une fleur noire à la boutonnière, anthologie de poèmes de Jacques Morin, éd Le Dé Bleu ; J’écris, anthologie de proses de Jacques Morin, éd Rhubarbe

 

Poèmes extraits de

Pour apprendre à s’en aller, in revue Diérèse n°83, Hiver-Printemps 2021-2022

Jour de congé, images de Jean-Marc Dublé, éditions Thobia’s, 2014 ; revue Europe n°1033, 2015

Elle est ivre de petits oiseaux – c’est ce qu’elle est
une nuée qui piaille
– sous sa robe crissante rose

Son sang c’est tout feuillage – une frénésie d’ailes de cris
de flûtes de scies de rebecs de frissons
elle est pareille aux buissons du fond du parking
où ces piailleurs jour et nuit tiennent rassemblement

Son sang c’est une volière folle – veinules
artérioles elle est sacrément embrouillée de sang
-elle vient tout près pour faire entendre
les disputes incessantes qu’elle est sous la robe

Sa longue robe rose la proclame corps opposable
au manque d’oiseaux dans l’être

même quand elle sera déposée sur un cintre
du secours populaire
sa robe crissante rose
dira les nuées d’oiseaux qu’il faut être pour vivre –

Adossée à la portière de sa voiture, elle s’amuse :
je reviens bien vite te faire entendre mon sang –
et les histoires que j’invente pour apprendre à s’en aller

Rue des Plantes – Rennes

*

Ce qui manque à la photo, c’est le bruit qui court
Ce qui de la rivière au pied des maisons, c’est les cris
des enfants qui s’aspergent d’eau glacée et nagent,
nus comme des savons, sous le vieux pont de pierre.

Il bourdonne comme une ruche sous les roues
des voitures. L’air déjà sent le feu des tuiles.

Ventre collé au parapet, une cycliste,
bras tendus dans le vertige, photographie
la fraîcheur de l’eau. Sur son lit de galets, l’eau
se tisse,  Carmen en bleu sous l’arche du pont
où les hirondelles crient de l’ombre au soleil,

mais sur la photo ratée  (il fallait la faire
les yeux fermés) les enfants seront minuscules
comme elle est dans sa vie

*

Son vélo planté sur la béquille souvent
elle court, elle prête sa main à un dieu
égaré au milieu du chemin, un bousier
qu’elle fait traverser,  à une chenille
qu’elle convoie sur une brindille jusqu’à
l’herbe. Elle trace une piste pour les fourmis
hors du goudron avec une pierre de sucre.

Travaille à la mémoire du monde, dit-elle
pour rire, pour après l’air atomique. Alors
qui se souviendra de nous si ce n’est ce bruit
d’herbe si vite passé,  cette coccinelle,
ce gravier, ce passereau qui de nos cheveux
perdus aura fait son nid ? Ces dieux minuscules ?

Jour de congé
éditions Thobia’s, 2014 ; revue Europe n°1033, 2015

Évelyne Morin

Évelyne Morin, née à Tulle, vit en Essonne. Poète, professeure de lettres, comédienne à la compagnie théâtrale Les Trois Clous. Elle assure la programmation de Poésie & musique.orge.

 

Bibliographie

Le cri de l'aube éditions PJ Oswald 1975
La défaillance des jours
éditions Caractères 1976
Miroirs
éditions Caractères 1978
Le jeu de moi
éditions Caractères 1985
La licorne du silence
éditions Caractères 1987
Rencontre occulte à mort perdue
éditions La Bartavelle 1991
Terre de mortes-lunes
éditions Table Rase 1992
La nuit d'Électre
éditions La Bartavelle 1996
Ombres, désirs
éditions Jacques Brémond 2000
Dernier train avant le jour
éditions Le dé bleu 2001
N’arrêtez pas la terre ici
(Préface de Stéphen Bertrand) Polder/Décharge 2003
Non lieu provisoire
(Encres de Misko Pavlovic) éditions Cadex 2007
N’arrêtez pas la terre ici
(Préface d’Anne Stell) éditions Le Nouvel Athanor 2007
Cela, fulguré
éditions Gros textes 2007
Un retour plus loin
(Frontispice de Marc Pessin) éditions Jacques Brémond 2007
Rouge à l’âme
éditions Potentille 2007
Matin de l’arbre levant
(Préface de Brigitte Gyr) éditions Le Nouvel Athanor 2014
Le Bois des corbeaux (photographies d’Éliane Morin)
éditions Gros textes 2015
Évelyne Morin
, anthologie éditions Le Nouvel Athanor, Collection Poètes trop effacés, 2018
Les bois flottés du jour
éditions Encres Vives, collection Encres Blanches n°760, 2019
Soleil juste la nuit
, éditions Henry, 2019
Une lumière incertaine
, éditions Unicité, 2022
Ronde noire (Illustrations d’Alexandre Hollan)
à paraître aux éditions Jacques Brémond

Livres d’artiste

Effacement du jour, peinture de Colette Klein, Les Cahiers du Museur 2021 ; Psaume en noir et blanc, encres de Nourit Masson Sekine, Bandes d’Artistes, Les Lieux Dits éditons 2021

Présence dans les anthologies

La Poésie Mystique Contemporaine J-L Maxence, Presses de la Renaissance, 1999
Ce que disent les mots
, de Pierre Maubé, éditions Éclats d’encre 2004
Polder Deuxième génération
éditions Décharge / Gros Textes 2005
Anthologie – 7
Multiples N° 71 2007
Anthologie Seghers, 2008
, (Patrice Delbourg, Jean-Luc Maxence et Florence Trocmé ; Avant-propos Bruno Doucey)
Esprits poétiques 3. Dires d’elles Hélices 2010
Nous, la multitude anthologie poétique
éditions Le Temps des Cerises 2011
L’Athanor des poètes,
1991-2011, par Jean-Luc Maxence et Danny-Marc, Le Nouvel Athanor 2011
Ouvrir le XXIème siècle, 80 poètes québécois et français
Mœbius & Cahiers du sens 2013
Frumdrög að draumi,
Ljóð franskra skáldkvenna Anthologie islandaise de poésie féminine française, Þhór Stefánsson, Oddur 2016Participation à Le Banquet des absents Levée d’encre 2017

Participation à de nombreuses revues, dont Arpa, Bacchanales, Concerto pour marées et silence, revue, Imprévue (revue franco-américaine), Interventions à haute voix, Les Cahiers du sens, Comme en poésie, Décharge, Diérèse, Ficelles, Friches, La Traductière, Levée d’encre, Lieux d'être, Liqueur 44, La main millénaire, Multiples, Neige d’août, Poésie/première, Sarrazine, Souffles, Spered Gouez, Verso, Voix d’encreRecours au poème, Balkan Sehara, revue de littérature des Balkans (revues en ligne)

Spectacle Miroirs ou l’opérette d’un sou, mis en scène par Jean-Louis Gonfalone en 1984, à partir de trois recueils ; musique : Gérard Garnier et Jean-Louis Gonfalone.

Membre du Jury du Prix de la découverte poétique de la Fondation Simone de Carfort, sous l’égide de la Fondation de France

Site : http://evelynemorin-poesie.fr

 

Poèmes extraits de

Terre de mortes lunes, éditions Table rase 1992 ; Dernier train avant le jour, éditions Le dé bleu 2001 ; Rouge à l’âme, éditions Potentille 2007 ; Ombres, désirs ; Un retour plus loin, éditions Jacques Brémond 2000, 2007 ; Non lieu provisoire, Cadex éditions 2007 ; N’arrêtez pas la terre ici, éditions Le Nouvel Athanor 2007

Dans les nuits parallèles aux parapluies noirs
je cherche la disparue
multiple

Cela ne fait rien si je n'ouvre pas les yeux tout de suite Si la page reste blanche Si je suis suspendue un instant au-dessus des nuits

Je tourne la page
Et la rue est encore là
Je n'ai pas ouvert ma mémoire depuis ce temps
Tout se tait
Tout parle
Je suis mon corps
ma voix
Mais je n'entends pas
cela
qui est
seulement je
ne vois pas le soir
ne vois pas le jour
L'obscur obstrue les mots
Trop de sommeils à tenir debout


Parapluies dans le brouillard

Les enfants de Louise
aux noms d'ivoire
accomplissent les nostoi
à l'impossible origine

Un retour plus loin, éditions Jacques Brémond 2007

*

Nous sommes revenus des voyages
des nouvelles conquêtes
Incertaines voilures d’odyssées de l’esprit
Dire ne pas dire ce qui avance dans l’ombre dépourvu d’ombre
L’humilité des hommes humiliés déplacés outreterre
Ceux-là restent en allés pour toujours
des lieux qu’ils reconnaissent de loin
seulement
Ils n’en avaient tant voulu que leur défaite
dans une rue de passage
Maintenant leur
à rester
entre
Les hommes des seuils
étrangent notre silence
complice des racines
éclatées
à la pluie du jour
Ils ont perdu leurs yeux
à une frontière effacée
Ce n’est pas cela
qu’ils veulent
Mais des baisers
intransigeants
comme les cadavres qu’on expose dans leur parure des dimanches
Pardon disent-ils
Pardon pour les jours et les nuits
empoisonnés
Nous habitons la litanie des villes Beyrouth Sarajevo Szrebrenica Jérusalem Ramallah New York Kaboul Paris Bagdad Marioupol Nous habitons ailleurs
Espérant la Ville sans nom

N’arrêtez pas la terre ici, éditions Le Nouvel Athanor 2007