18 rue de Paris 91600 Savigny-sur-Orge Tél. : 01 69 05 05 24 Port. : 06 08 01 48 14 Mél : lestroisclous@orange.fr Accueil FaceBook |
Exposition de photographies du 6 au 29 septembre 2017 Chemin des Dames, chemin des morts, voyage sur la terre déchirée
de l’Aisne et du Soissonnais. |
|
|
|
Chemin des Dames, août 2017 Craonne De la lenteur des bois émerge une lumière Pensée d’aube sur le jour finissant Une tombe s’éternise là Des myriades d’étoiles Sérénité lumineuse des ténèbres Temps un temps
|
|
|
|
À l’heure de la terre À l’heure de la terre éventrée par l’horizon Il y a les cris sous la terre le vide des villages désertés dévastés Là-bas en vide lieu L’eau coule à la fontaine L’heure est parfaite en nuages passants C’est un chemin de terre troué de lumière dissidente L’ombre tombe en cascade sur les morts perdus en deçà de leur mort Pas un chant d’oiseau ne transperce la pluie L’horizon s’est refermé sur le bois Les mots pourrissent lentement sous les feuilles Enchantement du temps passant ici arrêté |
|
|
Vingré, Fontenoy, fusillés pour l’exemple Des yeux d’étoiles transcendent l’ombre des bois Des jours et des jours enfouis sous la terre ressurgissent çà et là Désespérance du monde apaisée au bout du temps Sur le chemin des noms arrêtés là en terre striée de croix parfois un homme reprend histoire Mémoire ouverte au soleil et à la pluie dont la nuit vient se briser sur une dernière aube L’homme donnant la mort à l’homme De ne savoir vivre en terre de ciel Là-bas aller écouter le bruit revenant au lieu du silence Recueillir les signes d’une impossible parole |
Mi-nuit de la guerre Dans la perte glacée du soir prend naissance un autre signe Résonance d’un battement d’ailes ou disparition furtive de la lumière Là-haut sur le calvaire j’ai gravé mon nom dans la pierre afin que l’horizon n’oublie pas que j’ai regardé la terre et l’abandon de la terre Étoile brisée d’un oiseau aux limites de son vol Et la terre recueille son oubli à mi-nuit de la guerre Ni pensée ni rêve Mais le corps obscur de l’angoisse souterraine : vie inverse d’un ciel éteint sous l’éboulement du temps Je ne sais pas si je suis revenu La terre le sait qui rend encore les hommes à la lumière de ce jour |
|
|
|
Craonne De la lenteur des bois émerge une lumière Pensée d’aube sur le jour finissant Une tombe s’éternise là dans le bouleversement de la terre Une myriade d’étoiles s’accrochent à la pluie Paroles de silence cent ans et un jour maintenant après Sérénité lumineuse des ténèbres Temps un temps exhumé de la terre profonde Paix donnée du chemin à la fin À l’heure de la terre À l’heure de la terre éventrée par l’horizon Il y a les cris sous la terre le vide des villages désertés dévastés Là-bas en vide lieu L’eau coule à la fontaine L’heure est parfaite en nuages passants C’est un chemin de terre troué de lumière dissidente L’ombre tombe en cascade sur les morts perdus en deçà de leur mort Pas un chant d’oiseau ne transperce la pluie L’horizon s’est refermé sur le bois Les mots pourrissent lentement sous les feuilles Enchantement du temps passant ici arrêté |
Vingré, Fontenoy, fusillés pour l’exemple Des yeux d’étoiles transcendent l’ombre des bois Des jours et des jours enfouis sous la terre ressurgissent çà et là Désespérance du monde apaisée au bout du temps Sur le chemin des noms arrêtés là en terre striée de croix parfois un homme reprend histoire Mémoire ouverte au soleil et à la pluie dont la nuit vient se briser sur une dernière aube L’homme donnant la mort à l’homme De ne savoir vivre en terre de ciel Là-bas aller écouter le bruit revenant au lieu du silence Recueillir les signes d’une impossible parole Poèmes d’Évelyne Morin
|
Villages Les étoiles transpercent les toits éventrés Et le ciel est noir le jour Le ciel flamboie la nuit Et le bruit de la guerre jamais n’arrête de détruire le silence des champs maintenant de bataille Les villages prient qu’on les épargne eux qu’on a laissés seuls sous les obus Et parfois un chien aboie à l’abandon d’une rue C’était là Ils sont partis Souffrance des murs qu’on abat Souffrance des sommeils explosés Ils ont fini d’enterrer les oiseaux avant de partir Le village s’est éloigné ou bien eux Ils ne savent pas très bien Il n’y avait plus de place pour la mémoire ni le deuil sur les charrettes Seulement la tentative de vivre encore un peu ailleurs jusqu’à ce que ça s’arrête là-bas qu’ils quittaient la peine au ventre Le seuil franchi la guerre pouvait prendre ses quartiers Il ne restait rien d’eux qui partaient sur les routes Les images des maisons encore vivantes effaceraient la paix La guerre pouvait commencer à construire ses ruines Et ce serait ainsi Et ce sera ainsi Évelyne Morin Le Bois des Corbeaux Éditions Gros Textes, 2015 |
|
Fusillé pour l’exemple La lumière disparut de ses yeux laissant place à la brume Et la plaine et les bois devinrent son dernier champ de bataille Il se souvint des terres qu’il avait quittées pas encore moissonnées Et il pensa qu’il ne les reverrait plus que les coquelicots naîtraient des blés lorsque le soleil tomberait avec lui Il marchait sans comprendre ce qui avait pu arriver Il ne se souvenait pas d’être venu ici un jour d’été lointain Et commençait la nuit d’un jour incertain en ces autres hostiles qui ne comprenaient pas la folie qui avait envahi son cœur et la peur et le froid de se savoir si loin en terre inhospitalière Et soudain c’était la fin la fin du monde de son âme tranquille au monde Et soudain la nuit du noir enveloppait ce qu’il avait aimé La nuit des mots
|